Année 80 et musique : nouveaux genres et innovations

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Les années 80 sont, pour la musique, ce que la Renaissance fut pour la peinture : une période d’effervescence, d’innovations radicales et la naissance de formes d’art entièrement nouvelles. C’est cette décennie qui a vu la technologie cesser d’être un simple outil pour devenir le cœur même de la création musicale. Le synthétiseur est roi, la boîte à rythmes est sa reine, et le clip vidéo est leur enfant prodige.

Cette décennie a débuté en France avec une révolution : la libéralisation de la bande FM en 1981. Soudainement, une multitude de « radios libres » ont inondé les ondes, brisant le monopole des stations traditionnelles. Elles sont devenues le vecteur principal de la New Wave, de la Pop synthétique et du Funk. Simultanément, l’arrivée de MTV aux États-Unis (en 1981) et le lancement du Top 50 en France (en 1984) ont transformé la musique en un art visuel. Le « look » est devenu aussi important que le son. Plongeons dans la bande-son la plus emblématique du XXe siècle.

La révolution technologique : le son de la musique des années 80

Pour comprendre la musique des années 80, il faut d’abord comprendre les machines qui l’ont fabriquée. Le son « vintage » de cette époque est avant tout celui de l’électronique.

Le synthétiseur devient accessible et polyphonique. Des instruments comme le Yamaha DX7 (sorti en 1983) ou le Roland Juno-106 deviennent la base de milliers de tubes. Ils ne se contentent plus d’imiter des instruments ; ils créent des sons froids, métalliques, futuristes ou des nappes atmosphériques qui définissent le son New Wave.

La boîte à rythmes, comme la Linn LM-1 ou la Roland TR-808, remplace le batteur ou, du moins, impose un nouveau rythme. Ce « beat » électronique, sec et métronomique, est la colonne vertébrale de la Synth-pop et du Hip-hop naissant. Pensez au « boum-tchak » caractéristique : c’est l’œuvre de ces machines.

Enfin, l’arrivée du Sampler (ou échantillonneur) permet de capturer n’importe quel son (un bout de voix, un bruit de verre brisé) et de le transformer en instrument. C’est une révolution pour la création musicale, notamment pour le Hip-hop et la musique électronique.

La vague New Wave et la Synth-pop : la mélancolie dansante

Le genre dominant de la première moitié des années 80 est sans conteste la New Wave (la « nouvelle vague »). Née des cendres du Punk à la fin des années 70, elle en garde une certaine attitude mais y ajoute des mélodies pop et une utilisation massive des synthétiseurs.

À l’international, le Royaume-Uni mène la danse. Des groupes comme Depeche Mode (« Just Can’t Get Enough »), The Cure (avec la voix plaintive de Robert Smith) ou New Order (formé sur les cendres de Joy Division) créent une musique à la fois dansante et mélancolique. C’est le son des clubs, mais aussi des chambres d’adolescents. On parle de Cold Wave pour les sons les plus sombres et minimalistes.

En France, la New Wave explose. C’est l’époque bénie pour des groupes qui vont devenir cultes. Indochine, avec leur look androgyne et leurs mélodies asiatiques (« L’Aventurier » en 1982), devient le phénomène de la décennie. Etienne Daho s’impose comme le pape de la « pop française moderne » avec des tubes élégants et froids (« Week-end à Rome », « Tombé pour la France »). Des artistes comme Taxi Girl (avec Daniel Darc) fascinent par leur romantisme sombre. C’est une période de créativité incroyable pour le rock français.

L’explosion de la Pop : les rois et la reine de la musique années 80

Les années 80 sont aussi l’âge d’or de la Pop Music mondiale, dominée par un trio d’artistes américains qui ont redéfini les règles du jeu grâce au clip vidéo.

Michael Jackson devient le « King of Pop ». Après le succès de Off the Wall (1979), il explose littéralement en 1982 avec l’album Thriller. C’est plus qu’un album : c’est un événement culturel mondial. Les clips de « Billie Jean », « Beat It » et surtout le court-métrage « Thriller » (réalisé par John Landis) deviennent des rendez-vous planétaires.

Madonna arrive en 1983 avec son premier album. Elle comprend immédiatement l’importance de l’image. Avec « Like a Virgin » (1984) et « Material Girl », elle devient une icône féministe. Mais aussi une reine de la provocation, changeant de look à chaque album et maîtrisant parfaitement l’art du clip.

Prince, le génie de Minneapolis, est le troisième pilier. Artiste total (il joue de tous les instruments, compose, produit), il fusionne Funk, Rock et Pop dans un style unique. L’album et le film Purple Rain (1984) en font une superstar mondiale.

En France : le Top 50 et l’âge d’or de la variété

En France, un événement va structurer le marché du disque : la création du Top 50 en novembre 1984. C’est le premier classement officiel des ventes de singles, présenté par Marc Toesca sur Canal+. Désormais, « être numéro 1 » devient un objectif en soi.

Cela donne naissance à une Pop française très produite et calibrée pour les radios FM. Jean-Jacques Goldman devient l’artiste majeur de la décennie. Ses albums Positif (1984) ou Non homologué (1985) enchaînent les tubes (« Je marche seul », « Quand la musique est bonne », « La vie par procuration »). Il écrit aussi pour les autres, notamment pour Johnny Hallyday.

La décennie voit aussi l’émergence d’une scène plus excentrique et festive. Les Rita Mitsouko, menés par Catherine Ringer et Fred Chichin, mélangent rock, funk et folie visuelle (« Marcia Baïla »). Mylène Farmer débute sa carrière, d’abord avec « Maman a tort ». Ensuite, en explosant avec « Libertine » (1986), imposant un univers sulfureux et des clips cinématographiques.

C’est aussi l’époque des « one-hit wonders » (succès sans lendemain) que le Top 50 adore, comme Partenaire Particulier ou Images (« Les Démons de minuit »).

Les autres révolutions : Rock, Hip-hop et Hard FM

Réduire les années 80 à la Synth-pop serait une erreur. Le Rock pur et dur résiste et se transforme. Aux États-Unis, des artistes comme Bruce Springsteen (« Born in the U.S.A. ») ou U2 en Irlande (« Sunday Bloody Sunday », « With or Without You ») remplissent les stades avec un rock passionné et engagé.

Le Hard Rock vit aussi son âge d’or. Des groupes comme Bon Jovi (« Livin’ on a Prayer »), Europe (« The Final Countdown ») ou Guns N’ Roses (fin de décennie) inventent le « Hard FM » ou « Glam Metal ». C’est un rock puissant, mais avec des mélodies très accrocheuses et des looks outranciers (cheveux crêpés, spandex). En France, le groupe Téléphone domine la première moitié de la décennie avant sa séparation en 1986.

Enfin, une culture née dans le Bronx à la fin des années 70 émerge au grand jour : le Hip-hop. Le rap, le deejaying et le breakdance explosent. Des groupes comme Run-DMC ou Public Enemy lui donnent une conscience politique. En France, l’émission H.I.P. H.O.P. de Sidney, diffusée en 1984, est la première au monde consacrée à cette culture. Elle popularise le mouvement et inspire les premiers rappeurs français. Par exemple comme NTM ou MC Solaar (qui émergeront à la toute fin de la décennie).

En conclusion, la musique des années 80 fut un laboratoire permanent. Elle a créé des sons que nous associons aujourd’hui au « vintage ». Mais qui étaient à l’époque le summum de la modernité. C’est une décennie qui a prouvé que la technologie pouvait créer de l’émotion. Et aussi que l’image pouvait transformer une chanson en hymne générationnel.


Foire aux questions (FAQ) sur la musique des années 80

Qu’est-ce que la « French Touch » doit aux années 80 ?

La « French Touch« , ce courant de musique électronique française des années 90 (Daft Punk, Cassius, Air), est une héritière directe des années 80. Daft Punk, par exemple, a abondamment samplé des titres Disco et Funk de la fin des années 70 et du début des années 80. Ils ont réutilisé l’esprit de fête et les sonorités des boîtes à rythmes et synthétiseurs de cette époque pour créer un nouveau son.

Quel a été le rôle de l’émission « Les Enfants du Rock » ?

Diffusée sur Antenne 2 à partir de 1982, « Les Enfants du Rock » (et son présentateur Philippe Manœuvre) a joué un rôle crucial dans l’éducation musicale de la jeunesse française. L’émission diffusait les clips des grands groupes internationaux (The Clash, U2, Depeche Mode). Il proposait également des documentaires sur l’histoire du rock. Elle a contribué à populariser la culture New Wave et rock en France.

Encore à savoir sur la musique et les années 80

Pourquoi dit-on que le clip vidéo a tout changé ?

Avant les années 80, la performance musicale filmée était souvent basique (un groupe jouant sur scène). Avec MTV et l’argent investi par les maisons de disques, le clip est devenu un court-métrage, un objet d’art à part entière. « Thriller » de Michael Jackson (1983) ou « Take On Me » de A-ha (1985, avec son animation) ont prouvé qu’un clip fort pouvait propulser une chanson au sommet des ventes mondiales. Le look et la capacité à « jouer » devant une caméra sont devenus essentiels pour les artistes.

Quels étaient les supports d’écoute dominants dans les années 80 ?

Le disque vinyle (en format 33 tours pour les albums et 45 tours pour les singles) était le support roi. Mais la grande innovation de la décennie est la cassette audio (ou K7). Grâce au Walkman (baladeur), on pouvait écouter sa musique partout. C’est aussi l’ère des « compilations » personnelles : on enregistrait ses chansons préférées depuis la radio. À la fin de la décennie, un nouveau support numérique a fait son apparition et allait tout changer. Il s’agit du Compact Disc (CD), qui promettait un son parfait et sans usure.