Le personnage de Tintin, icône culturelle

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Il est sans doute le reporter le plus célèbre du monde, et pourtant, on ne l’a presque jamais vu écrire un article. Sa silhouette, avec sa fameuse houpette blonde et ses pantalons de golf, est reconnaissable entre toutes, de Bruxelles à Shanghai, de Lima à Sydney. Il s’agit bien sûr de Tintin, le héros intemporel créé par Hergé. Plus qu’un simple personnage de bande dessinée, Tintin est un véritable mythe du XXe siècle, un compagnon d’aventure pour des millions de lecteurs et une icône de la culture populaire. Mais qui est-il vraiment, ce jeune homme courageux qui ne vieillit jamais ? Plongeons dans le portrait d’un personnage bien plus complexe et fascinant qu’il n’y paraît.

1929, la naissance d’une icône, le personnage de Tintin

L’histoire de Tintin commence le 10 janvier 1929. Un jeune dessinateur belge du nom de Georges Remi, qui signe ses œuvres du pseudonyme Hergé (ses initiales inversées, R.G.), publie la première planche des aventures de son nouveau héros dans Le Petit Vingtième, le supplément jeunesse du journal belge Le Vingtième Siècle. Le personnage est simple : un jeune reporter à la bouille toute ronde, toujours accompagné de son fidèle fox-terrier, Milou. Sa première mission l’envoie en Union Soviétique. Le style est encore hésitant, le trait un peu brut, mais les bases sont là.

C’est d’ailleurs au tout début de cette première aventure que naît, presque par accident, le signe distinctif de Tintin. Pour montrer la vitesse de la voiture dans laquelle il s’élance, Hergé dessine une mèche de cheveux qui se redresse sous l’effet du vent. La fameuse « houppette » ne le quittera plus jamais. À l’origine, Tintin est un personnage engagé, presque un outil de propagande pour le journal catholique et conservateur qui l’emploie. Mais très vite, Hergé va lui donner une envergure et une universalité qui dépasseront de loin ce cadre initial.

Portrait d’un « héros neutre »

L’une des plus grandes forces de Tintin, et l’une des clés de son succès planétaire, est sa personnalité relativement neutre. Quel âge a-t-il ? On ne le sait pas vraiment, il semble être un adolescent éternel, quelque part entre 16 et 19 ans. A-t-il une famille ? Des amours ? Jamais. Cette absence de background personnel n’est pas une faiblesse, mais un coup de génie de la part d’Hergé. En faisant de Tintin une sorte de « page blanche », il permet à chaque lecteur, quel que soit son âge ou son origine, de s’identifier à lui, de se projeter dans ses aventures.

Tintin est un catalyseur. C’est le point stable et rationnel au milieu d’un monde peuplé de personnages excentriques et hauts en couleur. Face à un Capitaine Haddock colérique et porté sur la bouteille, à un Professeur Tournesol génial mais complètement sourd, ou à des Dupondt maladroits, Tintin est la raison, le courage et l’efficacité. Il n’est pas défini par ses états d’âme, mais par ses actions. C’est un personnage qui agit plus qu’il ne ressent, ce qui en fait le moteur parfait pour des récits d’aventure haletants.

Un style et une silhouette inimitables

Visuellement, Tintin est le parangon de la « ligne claire », le style graphique développé par Hergé jusqu’à la perfection. Ce style se caractérise par un trait noir d’épaisseur constante qui délimite chaque forme, des couleurs appliquées en aplats sans ombres ni dégradés, et une lisibilité parfaite de chaque case. La simplicité apparente de ce dessin cache en réalité un travail documentaire et une précision redoutables.

La silhouette de Tintin est elle-même un chef-d’œuvre de design. Avec seulement quelques traits, Hergé a créé un personnage universellement reconnaissable. La houpette, le visage rond, le petit nez, le trench-coat et, bien sûr, ses fameux pantalons de golf. Ce pantalon, qui nous semble si désuet aujourd’hui, était tout à fait à la mode dans les années 30 et confère au personnage un charme vintage indémodable.

Un compas moral : les valeurs de Tintin

Si Tintin est un héros si positif, c’est qu’il est le porteur de valeurs universelles et profondément humanistes. Il est l’incarnation de la justice. Il prend systématiquement la défense des plus faibles, que ce soit les peuples opprimés par des dictateurs (dans Le Sceptre d’Ottokar ou L’Affaire Tournesol) ou les victimes de trafiquants en tout genre (Le Crabe aux pinces d’or, Coke en stock). Sa loyauté envers ses amis est absolue et il fait preuve d’un courage à toute épreuve, n’hésitant jamais à risquer sa vie pour sauver les autres.

Bien sûr, le personnage a évolué. Les premiers albums, comme Tintin au Congo, sont aujourd’hui critiqués pour leur vision colonialiste et naïve, reflet de l’époque et du milieu dans lesquels ils ont été créés. Hergé a lui-même reconnu plus tard le caractère problématique de ces premières œuvres. Mais dès Le Lotus Bleu, le personnage gagne en maturité. Hergé se documente, nuance son propos et fait de Tintin un héros qui combat les préjugés et prône la fraternité entre les peuples.

L’importance de la « famille Tintin »

Tintin, le héros solitaire, va peu à peu s’entourer d’une véritable famille de cœur. Cette galerie de personnages secondaires est essentielle, car ce sont eux qui humanisent Tintin et révèlent ses facettes. Milou est bien plus qu’un chien. Il est le confident, l’alter ego de Tintin. Il exprime souvent les doutes et les tentations (la gourmandise, la peur) que son maître, trop parfait, ne peut pas se permettre. Le Capitaine Haddock, introduit dans Le Crabe aux pinces d’or, est sans doute la création la plus géniale d’Hergé. Marin alcoolique et colérique, maître dans l’art du juron fleuri (« Mille milliards de mille sabords ! »), il est l’exact opposé de Tintin. Il est le cœur, l’émotion, l’humanité brute qui manquait au jeune reporter. Leur amitié est le véritable pilier des aventures.

Le Professeur Tournesol, le savant distrait et sourd, est le grain de sable, l’élément perturbateur qui lance les aventures par ses inventions. Enfin, les Dupondt apportent la touche de comédie absurde qui allège les situations les plus tendues. C’est au sein de ce groupe que Tintin trouve sa place, non plus comme un héros solitaire, mais comme le chef de clan, le grand frère protecteur de cette famille d’aventuriers.

Guide pour reconnaître et estimer les albums de Tintin

Posséder la collection complète des 24 albums de Tintin est une fierté pour beaucoup. Mais pour le collectionneur averti, le « tintinophile », l’aventure ne fait que commencer. Car entre un album de On a marché sur la Lune acheté en 1985 et un autre datant de 1954, il y a un monde de différences et, souvent, plusieurs milliers d’euros. Collectionner Tintin est une véritable chasse au trésor, un jeu de piste où chaque détail compte. Voici quelques clés pour vous y retrouver.

L’art de décrypter le « 4e plat »

La toute première chose à savoir est qu’il existe deux grandes périodes de publication. Les aventures de Tintin jusqu’à L’Or noir (première version) ont d’abord été publiées en noir et blanc. Ces albums étaient plus longs (plus de 100 pages) et paraissaient au fur et à mesure dans les journaux. À partir de l’après-guerre, Hergé et ses studios ont entrepris de redessiner, de coloriser et de standardiser toutes les aventures au format de 62 pages que nous connaissons aujourd’hui. Une édition originale (EO) en noir et blanc, comme Tintin au pays des Soviets de 1930 ou Le Sceptre d’Ottokar de 1939, est d’une rareté extrême et constitue le sommet d’une collection.

Pour les éditions couleurs, l’indice le plus précieux se trouve au dos de l’album : c’est ce que les collectionneurs appellent le « 4e plat ». En observant la liste des albums déjà parus qui y est imprimée, on peut dater avec une grande précision une édition. Par exemple, si vous avez un album de L’Affaire Tournesol et que le dernier titre listé au dos est On a marché sur la Lune, cela signifie que votre exemplaire est l’édition originale de 1956. Les collectionneurs ont créé une classification très précise de ces dos (B1, B2, B3… jusqu’aux C dans les années 80), chacun correspondant à un graphisme et une liste de titres spécifiques. En règle générale, moins il y a d’albums listés au dos, plus votre exemplaire est ancien et potentiellement précieux.

Les pages de garde et autres indices

Un autre indice crucial se trouve à l’intérieur : les pages de garde, ces feuilles colorées collées entre la couverture et la première page. Les éditions les plus recherchées de l’après-guerre (jusqu’au début des années 60) possèdent les fameuses « gardes bleues », sur lesquelles on voit une série de portraits de Tintin et Milou dans des situations diverses, le tout sur fond bleu foncé. Plus tard, les gardes ont changé pour présenter tous les personnages de la série. La présence des gardes bleues est un excellent indicateur d’un tirage ancien. D’autres détails, comme le type d’écriture du titre sur le dos toilé ou la date de copyright sur la page de titre, permettent d’affiner encore l’expertise.

L’état, le critère suprême

Vous pouvez avoir une édition originale, si elle est en mauvais état, sa valeur sera très faible. L’état de conservation est le critère le plus important. Les collectionneurs examinent plusieurs points avec une attention quasi chirurgicale :

  • Le dos : Le dos en toile (rouge, jaune, bleu…) doit être bien régulier, non frotté et sa couleur ne doit pas être passée à cause du soleil (« insolé »).
  • Les coiffes : Ce sont les extrémités, en haut et en bas, du dos. Elles doivent être bien rondes et non écrasées (« tassées »).
  • Les coins : Les quatre coins de l’album doivent être les plus « piquants » possible, et non arrondis ou abîmés.
  • L’intérieur : Les pages doivent être bien solidaires, sans déchirures, traces de crayon ou de stylo.

Un album en « état neuf » d’une édition recherchée est une pièce de musée.

Quelle est la valeur d’un album de Tintin ?

La valeur peut aller de quelques euros à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Un album des années 70 ou 80, même en très bon état, n’a généralement qu’une valeur sentimentale. En revanche, une édition originale en couleurs des années 50 en bon état peut valoir de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros. Les éditions en noir et blanc d’avant-guerre, elles, sont des pièces de haute collection. Pour se faire une idée précise, les collectionneurs se réfèrent à un ouvrage appelé le BDM (Trésors de la Bande Dessinée), qui cote chaque album et chaque édition. Mais au-delà de toute valeur financière, le plus grand trésor reste le plaisir intact de se plonger dans ces aventures extraordinaires.

En conclusion, Tintin est un personnage d’une richesse et d’une pérennité exceptionnelles. Né comme un personnage de propagande un peu simplet, il est devenu, sous le crayon d’un Hergé de plus en plus maître de son art, un symbole universel de l’aventure et de la justice. Sa neutralité bienveillante, son courage sans faille et la force de son amitié avec Haddock et les autres ont traversé les décennies sans prendre une ride. Lire ou relire Tintin, c’est accepter une invitation au voyage et à l’aventure, en compagnie d’un ami qui, lui, sera toujours là.


Foire Aux Questions (FAQ) autour du personnage de Tintin

Q : Quel est le métier de Tintin ?

R : Officiellement, Tintin est un reporter pour le journal Le Petit Vingtième au début de ses aventures. Cependant, on le voit très rarement écrire ou envoyer des articles. Son métier est surtout un prétexte qui justifie sa curiosité et ses voyages. Et surtout sa tendance à se retrouver au cœur de l’action.

Q : Quel âge a Tintin ?

R : L’âge de Tintin n’est jamais précisé et il ne vieillit pas au fil des 24 albums. Hergé lui-même le décrivait comme un adolescent. On estime généralement son apparence entre 15 et 19 ans, ce qui en fait un héros éternellement jeune.

Q : Quelle est la première aventure de Tintin ?

R : La toute première aventure est Tintin au pays des Soviets, publiée en noir et blanc à partir de 1929 dans un supplément pour la jeunesse. C’est la seule aventure que Hergé n’a jamais voulu coloriser et redessiner par la suite, la jugeant trop « brute ».

Encore à savoir sur le personnage de Tintin

Q : Comment savoir si mon vieil album de Tintin a de la valeur ?

R : Pour estimer la valeur d’un album, il faut regarder plusieurs choses. D’abord l’année d’édition (vérifiable grâce à la liste des albums au dos, le « 4e plat »). Ensuite, la présence éventuelle de « gardes bleues » à l’intérieur. Enfin, et surtout, son état général (dos, coins, pages intérieures). Une édition originale des années 40, 50 ou 60 en très bon état aura beaucoup plus de valeur qu’une réédition des années 80.

Q : Pourquoi Tintin est-il si souvent seul, sans famille ?

R : Hergé a délibérément fait de Tintin un personnage sans attaches familiales ou amoureuses. Cette « neutralité » permet à n’importe quel lecteur de s’identifier plus facilement à lui. Il devient une figure universelle. Autrement dit, un orphelin dont la seule famille est celle qu’il se choisit au fil de ses aventures (Milou, Haddock, etc.).