Qui a inventé la machine à écrire et pourquoi

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Chers amateurs de vintage, lorsque l’on pose la question « Qui a inventé la machine à écrire ? », un nom vient souvent à l’esprit : Christopher Latham Sholes. Si cet Américain est bien la figure paternelle de la machine que nous connaissons tous, le réduire à l’unique inventeur serait une grande injustice historique. La vérité est bien plus passionnante. L’invention de la machine à écrire n’est pas l’éclair de génie d’un seul homme, mais plutôt l’aboutissement d’une longue quête, un processus évolutif jalonné de pionniers audacieux, de prototypes oubliés et d’anecdotes touchantes.

Cette machine, qui trône peut-être sur votre bureau ou dans votre collection, est le fruit de près de deux siècles d’ingéniosité. Elle a non seulement changé notre façon d’écrire, mais a aussi profondément bouleversé la société, le monde du travail et même la place des femmes. Plongeons ensemble dans les rouages de cette histoire fascinante.

L’inventeur « officiel » : Christopher Latham Sholes, le père de la machine moderne

Portons notre regard sur l’année 1867, à Milwaukee, dans le Wisconsin. Christopher Latham Sholes, un imprimeur et homme politique, travaille avec ses amis Samuel W. Soulé et Carlos Glidden sur une machine destinée à numéroter automatiquement les pages des livres. Un jour, une idée plus ambitieuse germe : pourquoi ne pas inventer une machine qui pourrait écrire des mots entiers ? Après de nombreux essais, ils déposent un brevet en 1868 pour leur « Type-Writer ».

Leur premier prototype était loin d’être parfait. Il tapait uniquement en lettres majuscules et, pire encore, l’opérateur ne pouvait pas voir ce qu’il écrivait car les barres de frappe frappaient le papier par en dessous. Mais l’innovation la plus célèbre de Sholes reste sans conteste le clavier QWERTY. Contrairement à la légende, cette disposition n’a pas été conçue pour être la plus ergonomique. Elle visait à résoudre un problème purement mécanique : sur les premiers modèles à clavier alphabétique, les barres de frappe des lettres fréquemment utilisées côte à côte (comme « TH » ou « ST ») avaient tendance à s’emmêler et à se coincer. Sholes a donc intelligemment séparé ces paires de lettres pour ralentir légèrement la frappe et garantir la fluidité du mécanisme. Une contrainte technique est ainsi devenue une norme mondiale qui perdure jusqu’à nos claviers d’ordinateur.

La commercialisation par Remington : le coup de génie qui a tout changé

Inventer est une chose, mais commercialiser en est une autre. Sholes et ses partenaires peinent à trouver des investisseurs. C’est là qu’intervient l’homme d’affaires James Densmore, qui rachète les parts et persuade Sholes de s’associer avec une entreprise renommée pour sa maîtrise de la mécanique de précision : E. Remington and Sons.

Jusqu’alors, Remington fabriquait des armes à feu et des machines à coudre. L’entreprise voit immédiatement le potentiel de l’invention. En 1873, un accord est signé. Les ingénieurs de Remington améliorent considérablement le design de Sholes pour le rendre plus robuste et fiable. La Remington No. 1 est lancée sur le marché en 1874. L’invention de cette machine à écrire à connaître un succès commercial.

Le véritable tournant arrive en 1878 avec la Remington No. 2. Cette dernière apporte une innovation capitale : la touche « Shift ». En appuyant sur cette touche, le chariot se soulevait légèrement, permettant de frapper soit une lettre minuscule, soit une majuscule avec la même barre de frappe. Le standard de la machine à écrire moderne était né.

Mais rembobinons : les pionniers oubliés de l’écriture mécanique

Créditer Sholes et Remington est juste, mais incomplet. Leur succès repose sur les épaules de géants méconnus qui, bien avant eux, ont rêvé d’une écriture mécanique.

Le tout premier à y penser fut un Anglais, Henry Mill, qui obtint un brevet de la reine Anne en 1714 pour « une machine artificielle ou méthode pour l’impression ou la transcription de lettres ». Malheureusement, aucun dessin ni prototype n’a survécu. Mill reste un fantôme dans l’histoire, le premier à avoir eu l’idée, mais sans laisser de trace concrète.

Il faut attendre le début du XIXe siècle pour voir des machines fonctionnelles. L’une des histoires les plus touchantes est celle de l’Italien Pellegrino Turri. En 1808, il inventa une machine pour permettre à son amie, la comtesse Carolina Fantoni da Fivizzano, devenue aveugle, de continuer à correspondre avec lui. Il créa non seulement une machine à écrire, mais aussi le papier carbone pour obtenir des copies. Son invention était un acte d’amour et d’amitié, bien loin des considérations commerciales.

Aux États-Unis, William Austin Burt breveta en 1829 son « Typographer ». L’engin, en bois et en métal, était lent et peu pratique, fonctionnant avec un cadran rotatif pour sélectionner les lettres plutôt qu’un clavier. D’autres, comme le Français Xavier Progin en 1833 avec sa « plume ktypographique », apportèrent des améliorations, notamment le principe d’une barre de frappe par caractère. Chaque inventeur ajoutait, sans le savoir, une pierre à l’édifice qui mènerait à la machine de Sholes.

L’impact d’une révolution : l’invention de la machine à écrire a changé le monde

L’arrivée massive de la machine à écrire à la fin du XIXe siècle a provoqué une véritable révolution silencieuse, bien au-delà des bureaux.

1. La transformation du monde du travail : Avant elle, les bureaux étaient des lieux masculins où des clercs recopiaient les documents à la main. L’écriture était lente, souvent illisible et la copie de documents une tâche fastidieuse. La machine à écrire a tout changé. Elle a apporté la vitesse, la clarté et la standardisation. Grâce au papier carbone de Turri, on pouvait produire plusieurs copies en une seule frappe. La correspondance commerciale, les contrats et les rapports administratifs se sont multipliés.

2. La féminisation des bureaux : Pour faire fonctionner ces nouvelles machines, il fallait des opérateurs qualifiés. Les entreprises, à commencer par Remington, ont eu l’idée de créer des écoles de dactylographie. Pour des raisons sociales et économiques de l’époque, ce sont massivement les femmes qui se sont engouffrées dans cette nouvelle carrière. Le métier de « typewriter » (qui désignait au départ l’opératrice avant de désigner la machine), ou « dactylo » en français, est né. Pour la première fois, des légions de femmes de la classe moyenne avaient accès à un travail de bureau respectable, leur offrant une nouvelle forme d’indépendance économique et sociale. Le bureau, autrefois un bastion masculin, devenait mixte.

L’invention de la machine à écrire chez les écrivains

3. Un nouvel outil pour les créateurs : Les écrivains et les penseurs se sont rapidement emparés de cet outil. Mark Twain est célèbre pour avoir été l’un des premiers auteurs à soumettre un manuscrit tapé à la machine, probablement Les Aventures de Tom Sawyer. Friedrich Nietzsche utilisa une « boule à écrire » de Malling-Hansen (un autre pionnier danois) lorsque sa vue se mit à baisser, affirmant que cet outil influençait même son style d’écriture.

En conclusion

En conclusion, la machine à écrire n’a pas un, mais de multiples inventeurs. Si Christopher Latham Sholes et Remington ont su créer le produit commercialement viable qui a conquis le monde, leur succès est l’aboutissement d’une longue chaîne d’innovations. De l’idée visionnaire d’Henry Mill à l’invention altruiste de Pellegrino Turri, chaque étape a été cruciale. Cet objet vintage, bien plus qu’un simple mécanisme de métal, est le symbole d’une révolution qui a redéfini notre communication, transformé nos lieux de travail et ouvert de nouvelles voies pour des millions de personnes.


FAQ – Tout savoir sur l’invention de la machine à écrire

Qui est considéré comme l’inventeur officiel de la machine à écrire ?

Christopher Latham Sholes est généralement considéré comme l’inventeur de la première machine à écrire commercialement viable, qu’il a brevetée en 1868. Il est surtout reconnu pour avoir développé le concept qui a été ensuite produit en masse par la société Remington.

Pourquoi le clavier est-il QWERTY et non alphabétique ?

Le clavier QWERTY a été conçu par Christopher Latham Sholes pour des raisons mécaniques. Sur les premiers prototypes, un clavier alphabétique provoquait le blocage des barres de frappe lorsque des lettres souvent adjacentes dans les mots étaient tapées rapidement. Le QWERTY sépare ces paires de lettres communes pour éviter les enchevêtrements et assurer une frappe plus fluide.

Encore à savoir sur l’invention de la machine à écrire

Quelle a été la première machine à écrire commercialisée avec succès ?

La première machine à écrire à connaître un succès commercial fut la « Remington No. 1 », lancée en 1874 par la société E. Remington and Sons, basée sur le modèle de Sholes. Le succès fut confirmé et amplifié par la « Remington No. 2 » en 1878, qui introduisit la touche « Shift » pour alterner entre minuscules et majuscules.

Comment la machine à écrire a-t-elle influencé le travail des femmes ?

Elle a créé une toute nouvelle profession : la dactylographe. Ce nouveau métier, considéré comme respectable, a permis à des millions de femmes d’intégrer le monde du travail de bureau, qui était auparavant presque exclusivement masculin. Cela leur a offert une nouvelle indépendance économique et a joué un rôle majeur dans la transformation sociale de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

Y a-t-il eu des inventeurs avant Christopher Sholes ?

Oui, de nombreux pionniers ont travaillé sur des machines à écrire bien avant Sholes. Le premier brevet connu a été déposé par l’Anglais Henry Mill en 1714. D’autres, comme l’Italien Pellegrino Turri (vers 1808) ou l’Américain William Austin Burt (1829), ont créé des prototypes fonctionnels qui ont ouvert la voie aux inventions ultérieures.