Strange : l'histoire d'une BD culte

Parmi les trésors de la BD vintage, Strange occupe une place à part en tant que premier magazine français à populariser les super-héros Marvel auprès d’un large public. Ce magazine culte, publié de 1970 à 1998, a initié des générations de lecteurs français aux super-héros Marvel, contribuant à l’essor du marché des comics en France. Durant les années 1980, le lectorat de comics a connu une augmentation significative, avec des ventes en hausse de plus de 50 % par rapport aux décennies précédentes, témoignant de l’impact de Strange sur la popularisation du genre. Spider-Man, Iron Man, les X-Men, Daredevil… Tous ont trouvé leur premier public en France grâce à cette revue mythique. Strange n’était pas seulement un recueil d’histoires, mais une véritable fenêtre vers un univers fascinant. Retour sur l’histoire de Strange, son impact et son héritage.

Table des matières

Les origines de Strange : une révolution pour les amateurs de comics
Un format accessible et populaire
Une adaptation française de la BD Strange avec des libertés
Un succès grandissant et des séries cultes
La fin d’une époque et l’héritage de Strange dans la BD
Les prix atteints par les numéros les plus recherchés
Pourquoi *Strange* reste une référence incontournable de la BD
📌 **FAQ sur la BD **Strange

Les origines de Strange : une révolution pour les amateurs de comics

Dans les années 1960, les comics américains étaient encore peu connus en France. Certains éditeurs tentaient de publier des bandes dessinées de super-héros, mais sans réel succès. Le marché francophone était alors dominé par la bande dessinée franco-belge, avec des titres comme Astérix, Tintin et Lucky Luke. C’est en 1970 que les éditions Lug, basées à Lyon, prennent le pari de proposer un magazine dédié aux comics Marvel : Strange.

Fondé par Auguste Vistel et dirigé par Claude Vistel, Lug avait déjà l’expérience de l’édition de bandes dessinées populaires avec des titres comme Zembla, une série mettant en scène un héros de type « tarzanide », et Ombrax, qui suivait les aventures d’un justicier dans l’Ouest américain. Avec Strange, ils franchissent une nouvelle étape en proposant une revue entièrement consacrée aux super-héros américains. Ce choix audacieux s’avéra payant, captant rapidement un lectorat avide de nouvelles aventures venues d’outre-Atlantique.

Un format accessible et populaire

Dès son lancement, Strange adopte le format des « petits formats », très en vogue en France à l’époque. Ces magazines souples, de petite taille, étaient distribués dans les kiosques et accessibles à un large public. Chaque numéro comprenait plusieurs histoires traduites de l’anglais et regroupait différentes séries Marvel. En proposant un prix abordable, Strange se démarquait des albums franco-belges souvent plus onéreux.

Les premiers numéros de Strange mettaient en avant Iron Man, Daredevil et les X-Men. Le numéro 1, paru en 1970, est particulièrement marquant car il introduit ces personnages au public français dans un format inédit. Ce premier numéro a immédiatement captivé les lecteurs, notamment avec les aventures dynamiques d’Iron Man, dont les dessins et les intrigues reflétaient l’âge d’or des comics Marvel. Ce lancement a posé les bases d’un succès durable, fidélisant rapidement un lectorat avide de récits épiques. Rapidement, Spider-Man s’imposa comme la star du magazine, devenant le personnage préféré des lecteurs français. Les jeunes lecteurs attendaient chaque nouveau numéro avec impatience, fascinés par les aventures palpitantes et les cliffhangers haletants qui tenaient en haleine jusqu’au mois suivant.

Une adaptation française de la BD Strange avec des libertés

Si Strange était une porte d’entrée vers l’univers Marvel, il n’en restait pas moins une adaptation française. Les traductions étaient parfois modifiées, notamment les noms des personnages. Ainsi, Spider-Man était souvent appelé « l’Araignée », tandis que Daredevil devenait « Démon ».

La censure de l’époque imposait aussi des coupes dans certaines scènes jugées trop violentes ou suggestives. Par exemple, dans certaines histoires de Spider-Man, les références aux drogues ont été supprimées, et les scènes de combats trop brutales ont parfois été retouchées pour réduire leur impact visuel. Certaines planches étaient redessinées pour adoucir l’impact visuel. Ces modifications peuvent surprendre aujourd’hui, mais elles faisaient partie des contraintes éditoriales du moment. Malgré ces altérations, Strange parvenait à conserver l’essence des récits originaux.

Un succès grandissant et des séries cultes

Au fil des années, Strange enrichit son catalogue de BD et introduit des héros emblématiques comme Captain America, les Quatre Fantastiques et Thor. Le magazine devient rapidement un incontournable pour les jeunes lecteurs avides d’aventures et d’action. Des suppléments et posters étaient parfois inclus pour fidéliser le public et renforcer l’engouement autour du magazine.

Dans les années 1980, avec l’explosion de la popularité des super-héros, Strange atteint son âge d’or. La revue devient un phénomène de pop culture et contribue largement à l’essor du comics en France. Des titres dérivés comme Spidey, Titans ou Nova viennent compléter l’offre, permettant aux fans de suivre plus d’histoires. À cette époque, Strange était bien plus qu’un magazine : il était un véritable phénomène générationnel.

La fin d’une époque et l’héritage de Strange dans la BD

Dans les années 1990, le marché du comics évolue. L’arrivée de nouvelles maisons d’édition et les changements dans les habitudes de consommation fragilisent Strange. En 1994, Lug est racheté par Semic, qui tente de moderniser le magazine. Malgré ces efforts, Strange cesse de paraître en 1998 après 335 numéros.

Cependant, son influence perdure. De nombreux artistes et éditeurs français de BD, comme Jean-Yves Mitton ou Ciro Tota, ont été inspirés par Strange et ont contribué à perpétuer la tradition du comics en France. Des œuvres comme Mikros ou Photonik, directement influencées par les super-héros Marvel, en sont de parfaits exemples. Les lecteurs de Strange des années 70 et 80 sont devenus des collectionneurs passionnés. Les anciens numéros sont aujourd’hui très recherchés et certains exemplaires atteignent des prix élevés sur le marché de la bande dessinée vintage.

Les prix atteints par les numéros les plus recherchés

Avec l’engouement croissant pour les bandes dessinées vintage, les anciens numéros de Strange sont devenus des pièces de collection très prisées. Les premiers numéros, en particulier ceux publiés dans les années 1970, atteignent des prix élevés sur le marché.

Le numéro 1 de Strange, publié en 1970, est particulièrement recherché par les collectionneurs et peut se vendre plusieurs milliers d’euros selon son état. Par exemple, un exemplaire en très bon état peut atteindre entre 3 000 et 5 000 euros aux enchères. Les numéros 2 et 3, également rares, oscillent entre 800 et 2 000 euros selon leur état de conservation.

D’autres numéros rares, notamment ceux avec des couvertures iconiques ou des premières apparitions de personnages marquants, voient leur cote monter régulièrement. Par exemple, les numéros introduisant de nouveaux héros ou contenant des récits marquants dépassent fréquemment les 500 euros lorsqu’ils sont bien conservés.

Les éditions spéciales et les numéros contenant des posters ou suppléments sont également très prisés. Par exemple, le numéro 100, qui célébrait un jalon important de la série, est particulièrement recherché et peut atteindre plusieurs centaines d’euros. De même, certains numéros avec des couvertures alternatives ou des erreurs d’impression rares suscitent un fort intérêt parmi les collectionneurs. Certains numéros en excellent état, conservés sous blister ou peu manipulés, atteignent des sommets lors des enchères, certains dépassant même les 7 000 euros pour les exemplaires les plus rares et en état neuf. Le marché du comics vintage étant en constante évolution, ces prix sont susceptibles de fluctuer selon la demande et la rareté des exemplaires disponibles.

Pourquoi Strange reste une référence incontournable de la BD

Même si la publication s’est arrêtée, Strange reste gravé dans la mémoire des amateurs de comics. Il a joué un rôle fondamental dans la démocratisation des super-héros en France et a inspiré de nombreux fans à s’intéresser aux bandes dessinées américaines.

Aujourd’hui, avec le succès des films Marvel, l’intérêt pour les comics est plus fort que jamais. En 2023, les ventes de comics ont atteint un record historique en France, avec une augmentation de 30 % par rapport à 2020. Anné où pourtant le marché avait déjà connu une hausse notable de 20 %. Les éditions originales de Strange ont une valeur historique et sentimentale pour de nombreux collectionneurs. Certains numéros spéciaux ou éditions limitées se vendent à prix d’or sur le marché des collectionneurs.