Le bureau année 80 : changements et évolutions

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Les années 80 ont bouleversé le monde du travail et notamment celui du bureau. La France sort tout juste de la crise des années 70 et entre dans une période de réformes structurelles. Le chômage grimpe, l’automatisation s’amorce, et les grandes entreprises restructurent. Les lois Auroux sur les droits des salariés bouleversent aussi l’organisation interne des entreprises. Le contexte économique et social pousse à repenser les méthodes de travail et à introduire de nouveaux outils. En France, comme ailleurs, le bureau a changé de visage. Entre modernisation, technologies naissantes, montée de la productivité et codes vestimentaires bien marqués, cette décennie a posé les bases du bureau contemporain. Plongée dans un univers où le Minitel régnait, où la machine à café était le cœur battant de l’entreprise, et où les journées s’écoulaient au rythme des cliquetis de machines à écrire.

Des bureaux collectifs et fumeurs en 80

Le bureau des années 80, c’est avant tout un open space avant l’heure. Les salariés partagent souvent une grande pièce, cloisonnée par de simples paravents ou des meubles de rangement. L’intimité y est rare. On entend les coups de fil, les machines à écrire, les conversations, les bruits de pas. Le bruit fait partie du quotidien et constitue une ambiance de fond permanente.

Autre élément marquant : la cigarette. Fumer à son poste est encore courant. Les bureaux empestent parfois le tabac froid, et les cendriers débordent. Le nuage bleuté qui flotte au-dessus des têtes est presque une norme. Ce n’est qu’en fin de décennie que la réglementation commence à changer, amorçant une prise de conscience sur la qualité de l’air et la santé au travail.

Du papier, du papier, encore du papier

Avant l’avènement de l’informatique, tout passe par le papier. Les secrétaires tapent les courriers à la machine, souvent en plusieurs exemplaires grâce au papier carbone. Les fiches cartonnées s’empilent dans des classeurs, les bordereaux circulent d’un service à l’autre, et les archives grossissent de mois en mois.

La gestion documentaire est un vrai défi. On utilise des tampons dateurs, des chemises, des trombones. Le poste de « classeur-archiviste » existe encore dans certaines entreprises, où l’on classe les documents dans de vastes armoires à rideaux métalliques. Chaque document est précieux, les photocopies coûtent cher et sont réalisées avec parcimonie.

Les vedettes du bureau en 80 : machines et gadgets

Dans les années 80, certains objets deviennent emblématiques :

  • La machine à écrire électrique, comme l’Olivetti Lettera.
  • Le Minitel, que les secrétaires consultent pour des renseignements pratiques ou des connexions à des services en ligne rudimentaires.
  • Le télécopieur (fax), encore lent et bruyant, qui permet pourtant de gagner un temps précieux.
  • Le poste téléphonique fixe à cadran, remplacé peu à peu par les modèles à touches.

Les premiers ordinateurs arrivent en entreprise. Les services comptables, les services techniques et les départements de gestion des ressources humaines sont parmi les premiers concernés. On les utilise surtout pour les calculs, la saisie de données et les premières applications de traitement de texte. Le TO7 de Thomson ou l’Amstrad PC1512 font timidement leur apparition dans certains services. Les imprimantes matricielles à aiguilles grésillent en fond sonore, et les disquettes deviennent un nouveau support de stockage prisé.

Des métiers en mutation

Les années 80 voient aussi évoluer les fonctions de bureau. La standardiste côtoie la secrétaire, souvent chargée de tout : agenda, courrier, gestion des fournitures, organisation des réunions. Le chef de bureau supervise les tâches administratives, garantit les délais et s’occupe du suivi hiérarchique.

Avec l’informatisation, de nouveaux postes naissent : assistant informatique, technicien de maintenance, analyste-programmeur. On parle de plus en plus de « cadres » et de « cadres supérieurs ». Le costume-cravate devient un code quasi obligatoire. L’organigramme de l’entreprise s’épaissit, et les réunions deviennent de plus en plus nombreuses, marquant l’émergence d’un management structuré.

Ambiance et rituels de bureau dans la France des années 80

La cafétéria ou la salle de pause devient un lieu-clé. On y discute de la dernière série télé, du match du dimanche soir, des enfants, ou encore des vacances à venir. Les pauses café structurent la journée, créant des moments de respiration dans des emplois du temps souvent chargés.

Les pots de départ sont très codifiés : discours du chef, cadeaux collectifs, gâteaux maison. Par exemple, il n’est pas rare que le collègue sur le départ reçoive un dictionnaire humoristique ou une plante verte comme clin d’œil à ses longues heures passées au bureau. Parfois, une chanson personnalisée ou un petit sketch préparé par les collègues vient ponctuer l’événement. L’ambiance est souvent familiale, surtout dans les PME, où chacun connaît tout le monde.

Les horaires restent rigides. On pointe encore à l’entrée à l’aide de badgeuses mécaniques. La pause déjeuner dure une heure, parfois deux. On mange à la cantine, on descend au bistro d’en face ou on sort le Tupperware à la salle de repos. Le temps de travail est strictement encadré.

Le bureau, miroir de la société

La vie au bureau reflète les tensions sociales. Les syndicats y sont très présents. Les grèves, les mouvements sociaux impactent directement l’organisation du travail. En 1986, par exemple, les grandes grèves dans le secteur de l’éducation et de la fonction publique illustrent le malaise grandissant face aux réformes. Certaines entreprises subissent aussi des débrayages ou des occupations temporaires. L’ascenseur social existe, mais reste difficile à emprunter pour beaucoup.

Les femmes, encore majoritairement secrétaires ou assistantes, commencent à accéder à des postes de responsabilité. Les mentalités évoluent lentement. Les revendications pour l’égalité salariale se font plus pressantes. Certaines pionnières deviennent chefs de service ou directrices administratives, même si elles doivent souvent redoubler d’efforts pour se faire respecter.

La mode au bureau : entre conformisme et couleurs vives

La tenue de bureau est codifiée. Pour les hommes : costume sombre, chemise, cravate. Les couleurs restent sobres, les matières sont synthétiques. Pour les femmes : tailleur, jupe au genou, escarpins. Le tout avec des épaules larges, des couleurs vives ou pastel. Le brushing impeccable et les bijoux fantaisie complètent la panoplie.

Les lunettes à monture épaisse font fureur. Les montres Casio commencent à s’imposer avec leurs multiples fonctions numériques. Le look reflète le sérieux et l’appartenance au monde professionnel. Certains affichent fièrement leur cartable en cuir ou leur attaché-case rigide, symbole de réussite sociale.

Des bureaux aux décors typiques

Moquette au sol, plantes vertes défraîchies, parfum de tabac froid dans l’air et bourdonnement constant des machines à écrire. Le cliquetis des claviers, les sonneries des téléphones et l’odeur du café réchauffé composent une ambiance sensorielle bien ancrée dans la mémoire collective. Le mobilier en formica ou en métal peint, les classeurs métalliques et les étagères surchargées participent à une esthétique fonctionnelle.

Les couleurs vont du beige au marron, en passant par des tons orangés. Les posters motivants ou les calendriers des fournisseurs ornent les murs. Chaque bureau a son univers, avec parfois des photos de famille, des bibelots, ou des cartes postales accrochées à l’aide de punaises.

Les fournitures de bureau sont simples mais colorées : classeurs orange, stylos Bic, perforateurs métalliques, scotch sur dérouleur. Le design des objets est reconnaissable entre mille et contribue à une identité visuelle typiquement 80’s.

Un monde en transition

Les années 80 marquent le début de la digitalisation. Le plan Informatique pour tous de 1985 veut initier les élèves et futurs salariés aux outils numériques. Les entreprises s’équipent, forment, modernisent. Des sessions de formation interne apparaissent, souvent organisées par les services du personnel.

C’est aussi la montée de la culture d’entreprise. Logos, slogans internes, journaux d’entreprise font leur apparition. Le travail n’est plus seulement une fonction, il devient une identité. On valorise l’esprit d’équipe, la loyauté à l’entreprise, et l’efficacité. Des trophées internes, des tableaux d’honneur, et des slogans comme « Objectif Qualité » ou « Tous ensemble pour demain » fleurissent sur les panneaux d’affichage.


FAQ : la vie au bureau dans les années 80

Les femmes avaient-elles accès aux mêmes postes que les hommes ? Non. Elles occupaient surtout des fonctions administratives. Mais la situation évoluait progressivement, notamment dans les grandes entreprises.

Utilisait-on déjà des ordinateurs ? Oui, mais de manière très limitée. L’informatisation ne faisait que commencer. Les usages restaient cantonnés à quelques services spécialisés.

Comment était l’ambiance au bureau ? Familiale, bruyante, parfois stressante. Mais aussi conviviale autour du café, des potins et des petits rituels du quotidien.

Les horaires étaient-ils plus stricts qu’aujourd’hui ? Oui. La pointeuse était monnaie courante. Il y avait peu de flexibilité horaire, et le télétravail était inexistant.

Les bureaux étaient-ils modernes ? Pas vraiment. Mobilier fonctionnel, peu ergonomique, déco simple voire datée. Mais chaque espace avait son charme.

Quel rôle jouaient les syndicats ? Un rôle central. Ils participaient activement à la vie de l’entreprise, organisaient des réunions et défendaient les droits des salariés.