Novembre. Les feuilles tombent, les températures dégringolent, et la silhouette change. Fini la légèreté estivale, place à l’élégance structurée de l’automne-hiver. La mode hiver vintage 1960 dans la France des années 60 est bien plus qu’une question de météo ; il est le reflet d’une véritable révolution dans le vestiaire féminin. C’est l’époque où la « mode » cesse d’être le privilège de quelques élégantes pour devenir l’apanage de toutes. C’est le triomphe du prêt-à-porter sur la haute couture, un phénomène qui a transformé la façon de s’habiller et de penser son style.
Le swing des années 60 : une nouvelle ère pour la silhouette
Les années 60 marquent une rupture nette avec l’après-guerre. La femme des années 50, avec sa taille de guêpe et ses jupes amples héritées du New Look de Dior, laisse place à une silhouette plus libre, plus jeune, plus androgyne. La mode se tourne vers la jeunesse, vers le mouvement, vers l’émancipation.
Cette nouvelle silhouette se caractérise par :
- La ligne A : Robes et manteaux adoptent une forme évasée depuis les épaules, libérant la taille.
- Les formes trapèzes : Simples, graphiques, elles sont l’incarnation d’une modernité épurée.
- Les couleurs vives : Exit les teintes pastel sages. Les années 60 osent le fuchsia, l’orange, le vert émeraude, même en hiver.
- Les imprimés géométriques : Inspirés de l’Op Art et de la nouvelle architecture, ils dynamisent les tissus.
Mais la véritable révolution ne se trouve pas que dans les formes. Elle est dans l’accessibilité. Le prêt-à-porter, initié timidement dans les années 50, explose dans les années 60. Des créateurs comme Pierre Cardin ou André Courrèges, pourtant issus de la haute couture, lancent leurs lignes de prêt-à-porter. Des marques comme Dorothée Bis, Kookaï (fondée en 1983, donc plus tardif mais dans cet esprit) ou d’autres ateliers plus modestes proposent des collections directement « portables » et abordables.
Le manteau : pièce maîtresse de l’hiver 60
Le manteau est la star incontestée du vestiaire hivernal des années 60. Il n’est plus seulement fonctionnel ; il est une déclaration de style.
- Le manteau trapèze : C’est la forme iconique. Simple, élégante, il se porte souvent sans ceinture, tombant droit ou légèrement évasé sur les hanches. Les grands cols arrondis ou montants sont très prisés.
- Le manteau œuf (ou cocon) : Avec ses épaules tombantes et sa forme arrondie, il apporte une touche de douceur et de modernité.
- Les couleurs et matières : Les lainages bouclés, les tweeds épais (souvent à grands carreaux ou chevrons), le cachemire pour les plus aisées, et même l’arrivée du vinyle pour les plus audacieuses (façon Courrèges) sont au rendez-vous. Les teintes se veulent dynamiques : du rouge éclatant, du vert forêt, du bleu roi, aux classiques intemporels comme le camel ou le gris anthracite.
Le manteau est souvent porté ouvert ou juste fermé par un ou deux gros boutons graphiques. Il se superpose avec élégance sur une robe courte ou un ensemble jupe-pull.
La minijupe : le coup de tonnerre hivernal
Difficile de parler des années 60 sans évoquer la minijupe. Inventée par Mary Quant à Londres, elle déferle sur la France et s’impose même en hiver. C’est un acte de rébellion, une provocation joyeuse.
Comment la porter en novembre sans mourir de froid ?
- Les collants opaques : C’est l’accessoire indispensable. Noirs, mais aussi de couleurs vives (blanc, rouge, jaune), ils permettent de couvrir les jambes tout en prolongeant la silhouette graphique de la minijupe. Ils remplacent les bas porte-jarretelles.
- Les bottes hautes : Autre révolution ! Les bottes montantes, souvent à talons carrés et bout rond ou pointu, deviennent l’alliée de la minijupe. En cuir, en vinyle, elles protègent du froid et allongent la jambe. Roger Vivier, pour André Courrèges, dessine des modèles futuristes blancs qui marquent les esprits.
La minijupe n’est pas seulement pour le printemps. Avec un pull col roulé épais, un manteau et des bottes, elle compose une tenue hivernale audacieuse et moderne.
Le règne du tricot et les nouveaux ensembles
Le tricot connaît un âge d’or dans les années 60. Les pulls col roulé (souvent près du corps), les gros gilets en maille torsadée, et les ensembles « jupe et pull coordonnés » sont omniprésents. Le mohair, l’angora, mais aussi les mélanges de laine et de fibres synthétiques (qui permettent de nouvelles textures et de la tenue) sont très utilisés. Le tricot est un marqueur fort de la mode hiver vintage de l’année 1960.
L’ensemble coordonné est une solution chic et pratique pour le prêt-à-porter. Une jupe en lainage avec un pull assorti, agrémenté d’une ceinture large sur les hanches, offre une élégance sans effort. C’est le chic parisien, celui que l’on voit dans les vitrines des grands magasins et dans les pages des magazines.
Les pantalons, bien que toujours considérés comme plus audacieux pour les femmes, commencent à s’imposer en hiver. Les « pantalons fuseau » (avec une lanière sous le pied) sont pratiques sous les bottes ou les après-ski. Le pantalon se porte taille haute, avec des jambes droites ou légèrement évasées (« patte d’eph ») vers la fin de la décennie.
Les accessoires : l’art de finaliser le look
Les accessoires sont essentiels pour compléter le look hivernal des sixties :
- Les chapeaux : Le béret, revisité en version plus structurée, revient en force. La toque en fourrure (souvent synthétique ou mouton retourné) apporte une touche glamour. Les « cloches » en feutre doux sont aussi très populaires.
- Les écharpes : Longues et larges, souvent en laine assortie au manteau ou à des motifs graphiques.
- Les sacs : Les sacs se portent à l’épaule ou à la main. Ils sont structurés, souvent en cuir ou en simili-cuir, avec des fermoirs métalliques. Des formes plus fantaisistes, en plastique ou en vinyle, apparaissent aussi.
- Les bijoux : Simples, graphiques. Les colliers longs, les boucles d’oreilles rondes ou géométriques, les broches sur le manteau.
L’objectif est d’harmoniser l’ensemble, sans surcharger. Le style des années 60 est un équilibre entre audace et simplicité.
Magazines et démocratisation : Elle et Marie Claire en première ligne
Les magazines féminins jouent un rôle capital dans la diffusion de cette nouvelle mode hivernale. Elle, avec sa vision avant-gardiste et son esprit pratique, propose des « guides de tricot » et des « patrons » pour réaliser ses propres créations. Marie Claire ou Jardin des Modes mettent en scène les collections des jeunes créateurs et les tendances venues de Londres ou de New York.
Ces magazines ne se contentent pas de montrer la mode. Ils l’expliquent, la rendent accessible. Ils donnent des conseils pour « bien choisir son manteau », « assembler les couleurs de son ensemble » ou « porter la minijupe avec élégance même en hiver ». C’est grâce à eux que le prêt-à-porter s’installe durablement dans les habitudes de consommation. La femme des années 60 ne rêve plus seulement des défilés de couture ; elle peut acheter son élégance dans les grands magasins ou les boutiques des villes.
L’hiver 1960, c’est donc l’hiver d’une mode en pleine mutation. C’est l’élégance du manteau trapèze, l’audace de la minijupe avec ses collants opaques et ses bottes, la douceur d’un pull en mohair. C’est le début d’une ère où chaque femme peut trouver son style, un style qui, soixante ans plus tard, reste une source d’inspiration inépuisable pour le vintage.
Foire aux questions (FAQ) autour de la mode hiver vintage 1960
Q : Qu’est-ce que la ligne A ou la forme trapèze exactement ?
R : La « ligne A » ou « forme trapèze » en mode désigne une coupe qui s’élargit progressivement depuis les épaules ou la poitrine jusqu’à l’ourlet, créant une silhouette en forme de « A ». Elle libère la taille et les hanches, offrant plus de mouvement et une allure moderne et épurée par rapport aux silhouettes cintrées des années précédentes.
Q : Les couleurs vives étaient-elles vraiment portées en hiver ?
R : Oui, c’est une caractéristique forte des années 60. Les couleurs vives (orange, fuchsia, vert pomme, jaune citron) étaient utilisées pour égayer les collections d’hiver, souvent associées à des teintes plus neutres comme le blanc, le noir ou le gris pour un contraste graphique. Cela rompait avec la palette plus sombre des hivers d’avant-guerre.
Encore à savoir sur la mode hiver vintage 1960
Q : D’où vient l’expression « prêt-à-porter » ?
R : L’expression « prêt-à-porter » vient directement de l’anglais « ready-to-wear ». Elle désigne des vêtements fabriqués en série, dans des tailles standardisées, et qui sont directement disponibles à l’achat, par opposition à la « haute couture » qui confectionne des pièces uniques et sur-mesure pour chaque cliente. C’est un concept qui s’est réellement imposé dans les années 60.
Q : La minijupe était-elle acceptée partout en France dès les années 60 ?
R : Non, pas immédiatement. La minijupe a d’abord été adoptée par la jeunesse et les milieux avant-gardistes des grandes villes. Dans les régions plus conservatrices ou les familles plus traditionnelles, elle était souvent considérée comme provocante, voire indécente. Son acceptation s’est faite progressivement, mais elle a clairement marqué une rupture générationnelle et stylistique.
Q : Où puis-je trouver des pièces de mode hivernale vintage des années 60 aujourd’hui ?
R : Les friperies bien achalandées, les dépôts-vente spécialisés dans le vintage, les marchés aux puces (comme celui de Saint-Ouen en région parisienne) sont de bonnes pistes. Les plateformes en ligne comme Vinted, Etsy ou eBay regorgent aussi de trésors. Cherchez des marques françaises de l’époque comme Rodier (pour les lainages), Krizia ou même des pièces sans marque mais avec la coupe et les matières caractéristiques des sixties.
