La Renault 4L, ou simplement la « 4L », est bien plus qu’une voiture. Elle a traversé trois décennies de vie française, marquant les esprits et les paysages urbains comme ruraux. Pratique, robuste, économique, elle symbolise l’évolution de la société française de l’après-guerre à la modernité. De la sortie des usines de Billancourt aux routes poussiéreuses du Maroc, elle a tout vu, tout connu, tout transporté.
Naissance d’une révolution automobile
En 1961, Renault lance la 4L avec un objectif clair : concurrencer la Citroën 2CV. Mais la 4L propose une innovation majeure : un hayon arrière et une banquette rabattable. Elle est la première voiture populaire à adopter ce format de « voiture à vivre ». Inspirée par l’idée de polyvalence, elle répond aux besoins d’une France en mutation, avide de mobilité et d’accessibilité. Un peu à l’image du modèle populaire précédent, la Dauphine Renault.
Elle s’adresse à tous : les jeunes étudiants partant à l’université, les familles nombreuses en quête de vacances économiques, les artisans transportant leurs outils sur les routes de campagne. Elle se veut universelle. En moins de deux ans, elle s’impose dans le paysage français. En 1966, elle représente déjà plus d’un tiers des ventes de Renault.
Un design fonctionnel et intemporel
Sa carrosserie est simple, cubique. Elle se distingue par sa calandre trapézoïdale et ses phares ronds. L’intérieur est épuré, pensé pour la praticité. Les premières versions ont des sièges tubulaires recouverts de skaï. Les vitres s’ouvrent par coulissement, et les poignées sont aussi minimalistes que fonctionnelles.
Elle se conduit facilement. L’embrayage est souple. Les vitesses se passent avec un levier au tableau de bord. Sa garde au sol élevée lui permet de circuler sur les chemins caillouteux comme en ville. Grâce à ses suspensions indépendantes, elle offre un confort de conduite surprenant sur les routes dégradées de l’époque.
Une voiture pour tous les jours
Dans les années 60 et 70, la Renault 4L est partout. Elle devient le véhicule des jeunes couples, des fonctionnaires, des petits commerçants. Elle est aussi la voiture des étudiants et des aventuriers. La Poste en équipe ses facteurs, tandis que les jeunes diplômés y chargent leurs valises pour aller travailler à Paris ou Marseille.
Les enfants montent à l’arrière sans ceinture, une situation courante à une époque où les ceintures de sécurité n’étaient pas encore obligatoires à l’arrière des véhicules particuliers en France. On part en vacances chargés comme des mulets. On déjeune sur le capot lors d’un pique-nique sur la Nationale 7. Elle incarne la liberté de mouvement. Elle est la voiture de l’ascension sociale, du voyage familial et du quotidien tranquille.
Une icône du travail quotidien
Les facteurs, les gendarmes, les médecins de campagne adoptent rapidement la 4L. Sa version fourgonnette devient indispensable pour les artisans. Elle transporte tout : des pains aux matériaux de construction. Certains l’utilisent comme ambulance improvisée ou comme voiture de chantier.
Dans les villes, elle livre les baguettes. À la campagne, elle affronte les chemins de terre. Elle ne craint pas les bosses ni les flaques. Facile à réparer, économique à entretenir, elle devient l’alliée fidèle des travailleurs de tous les jours.
Des compétitions et des raids
La Renault 4L est aussi une aventurière. Elle participe à de nombreux rallyes. Le plus célèbre : le 4L Trophy. Des étudiants traversent le désert marocain à son volant depuis 1997, année de création du 4L Trophy. Preuve de sa robustesse et de sa simplicité mécanique.
Elle inspire aussi les collectionneurs et les nostalgiques. Les modèles restaurés se vendent à prix d’or. Certains passionnés recréent les modèles d’origine avec des pièces détachées d’époque, d’autres les modernisent tout en conservant l’allure originale.
Fin de production, mais pas d’amour
La Renault 4L cesse d’être produite en 1992. Plus de 8 millions d’exemplaires ont été vendus dans 28 pays. Elle laisse derrière elle une empreinte forte dans la culture populaire. Sa fabrication aura duré 31 ans, un record de longévité.
Aujourd’hui, elle est un objet de collection. On l’expose dans les rassemblements, comme celui de Thenay qui réunit des centaines de 4L chaque été. On la transforme aussi en food-truck, comme le montrent les nombreux exemplaires présents sur les marchés de producteurs, ou en voiture de mariage vintage, louée plus de 300 euros la journée. Elle fait sourire, réveille des souvenirs. En ville, elle attire les regards. À la campagne, elle suscite l’émotion.
Vie quotidienne autour de la 4L
Dans les années 70, une 4L garée devant une maison signifie souvent une famille modeste mais active. Les enfants jouent au ballon dans la rue, pendant que le père bricole le moteur. La mère prépare le repas à l’intérieur, entre cafetière à filtre, torchons à carreaux et recettes de cuisine découpées dans les magazines.
Le dimanche, la 4L conduit la famille à la plage ou chez les grands-parents. Les vacances se font en France, dans un camping, avec la caravane accrochée au pare-chocs. On y dort à cinq, on s’y serre, on y rit. Elle devient un personnage à part entière du quotidien.
Au travail, la 4L transporte outils, dossiers ou colis. Elle devient un véhicule utilitaire avant l’heure, avec une consommation réduite, autour de 6 litres aux 100 kilomètres. C’est ainsi qu’elle incarne la voiture « maline », celle qui ne coûte pas cher, qui démarre au quart de tour. Elle roule par tous les temps, traverse les décennies et les souvenirs.
FAQ – Renault 4L
Quand a été lancée la Renault 4L ?
En août 1961.
Combien d’exemplaires ont été produits ?
Plus de 8 millions dans le monde.
Pourquoi est-elle considérée comme une voiture mythique ?
Pour sa robustesse, sa simplicité, son prix abordable et son omniprésence en France.
Existe-t-il des clubs ou rassemblements de passionnés ?
Oui, de nombreux clubs régionaux et nationaux existent. Des rassemblements sont organisés chaque année.
Peut-on encore rouler en 4L aujourd’hui ?
Oui, mais avec certaines restrictions dans les ZFE. Elle peut être immatriculée en collection.
Le 4L Trophy, c’est quoi ?
Un raid humanitaire pour étudiants reliant la France au Maroc, en Renault 4L.
Quels sont les modèles les plus recherchés ?
Les premières séries, les 4L Savane et les versions spéciales comme la Parisienne.
Est-ce une bonne voiture pour débuter en mécanique ?
Oui ! Sa mécanique simple est idéale pour apprendre les bases de l’entretien auto.
Peut-on encore trouver facilement des pièces détachées ?
Oui, grâce aux nombreux réseaux de passionnés et à certaines refabrications industrielles.
Quelle est la vitesse maximale d’une Renault 4L ?
Environ 120 km/h pour les versions les plus récentes.