L’année 1967 marque un tournant dans l’histoire contemporaine de la France. C’est l’époque où sort le film culte « Les Demoiselles de Rochefort » de Jacques Demy. Un symbole d’une France entre tradition et modernité naissante. Cette œuvre colorée, musicale et poétique devient emblématique d’une société en mutation, partagée entre son héritage classique et une envie d’ouverture sur le monde. C’est aussi une période où l’on ressent une certaine insouciance, mais teintée d’une agitation souterraine. La société française, encore ancrée dans les valeurs des Trente Glorieuses, commence à ressentir les prémices des bouleversements sociaux et culturels qui culmineront en mai 1968. La jeunesse, plus éduquée et plus nombreuse que jamais, aspire à davantage de liberté, de modernité, et de changement.
Dans ce contexte, la vie quotidienne des Français est rythmée par des habitudes bien établies. Mais aussi par l’émergence de nouvelles tendances qui annoncent des changements profonds. 1967 est une année de contrastes : le passé et l’avenir s’y croisent constamment.
La vie quotidienne en 1967 : entre tradition et modernité
Le foyer familial : un cocon traditionnel
En 1967, la famille française est encore largement structurée autour du modèle patriarcal. Le père est souvent le seul pourvoyeur de revenus, tandis que la mère se consacre aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants. Ce schéma, bien que déjà remis en question par certaines femmes actives, reste majoritaire. Le logement typique est un appartement ou une maison modeste. Il est équipé des commodités de base : télévision en noir et blanc, téléphone fixe, et parfois un électroménager récent comme le lave-linge ou le réfrigérateur, objets de convoitise dans les catalogues de la Redoute ou Manufrance.
Les repas sont pris en famille, souvent autour de plats traditionnels préparés à la maison. Pot-au-feu, gratins, gigot du dimanche et pâtisseries maison ponctuent les semaines. La cuisine française reste attachée à ses racines régionales, avec des recettes transmises de génération en génération. Le rôle de la mère, en tant que gardienne des traditions culinaires, est encore très valorisé. Les enfants participent aux tâches ménagères et respectent une discipline stricte. Elle est le reflet des valeurs d’ordre, de respect et de mérite en vigueur à l’époque. L’école, avec son tableau noir et ses pupitres en bois, est aussi un lieu d’apprentissage de la rigueur et du patriotisme.
Les loisirs : entre jeux traditionnels et innovations
Les loisirs en 1967 sont encore majoritairement centrés sur des activités simples et peu coûteuses. Les Français se retrouvent souvent le dimanche soir devant « La Piste aux Étoiles », « Intervilles ». Ils suivent aussi avec ferveur le Tour de France à la télévision. La télévision, bien que présente dans de nombreux foyers, ne propose qu’une poignée de chaînes. Elles diffusent des programmes en noir et blanc, parfois entrecoupés de pannes. Les émissions phares incluent des variétés, des feuilletons comme « Les Cinq Dernières Minutes » ou « Thierry la Fronde ». Les journaux télévisés très institutionnels.
Les enfants passent beaucoup de temps à jouer à l’extérieur, dans les rues ou les cours d’école. Corde à sauter, billes, marelle et vélo font partie du quotidien. Les jeux de société comme le Monopoly, les petits chevaux ou les dominos sont populaires. Tout comme les jeux de cartes en famille, souvent à la belote ou au rami. Les jouets mécaniques, tels que les voitures miniatures ou les trains électriques, commencent à se démocratiser. Ils offrent de nouvelles possibilités de divertissement. Le cinéma, aussi, reste un loisir familial apprécié. Les films d’aventure, des comédies populaires et les premiers James Bond séduisent les plus jeunes.
Les transports : la voiture en plein essor
La voiture individuelle devient un symbole de réussite sociale. Les modèles emblématiques de l’époque incluent la Citroën DS, la Renault 4L et la Peugeot 404. Ce sont des voitures robustes, spacieuses, souvent dotées de banquettes confortables et de chromes brillants. Les autoroutes se développent, facilitant les déplacements et les premières grandes transhumances estivales vers la mer ou la montagne. Les familles découvrent les joies du pique-nique sur les aires d’autoroute en début de congés, sandwichs au pâté et œufs durs à la main. Le train reste un moyen de transport important, notamment pour les trajets longue distance. Des lignes comme le Mistral (Paris-Nice) ou le Capitole (Paris-Toulouse) offrent confort, vitesse et élégance. Le métro parisien, quant à lui, reste l’apanage des citadins, encore très concentrés dans les centres-villes.
Les jouets emblématiques de 1967
Un jouet emblématique de cette année est le circuit « Rallye Autorama » de Meccano, qui captive les enfants avec ses voitures miniatures sur rail. Il incarne l’ingéniosité et la passion pour la vitesse de l’époque. Ce type de jouet reflète aussi l’essor de la culture technique dans une société fascinée par la conquête spatiale et le progrès scientifique.
L’année 1967 est riche en jouets qui marquent l’imaginaire des enfants et des collectionneurs. Les fabricants français rivalisent d’ingéniosité pour proposer des produits innovants et attractifs. La qualité de fabrication, souvent artisanale, reste un critère majeur.
GéGé : l’innovation au service du jeu
L’entreprise GéGé se distingue par une gamme variée de jouets, allant des poupées aux trains électriques. Parmi les produits phares de 1967, on retrouve :
- Mily, la poupée mannequin lancée en 1964, concurrente française de Barbie. Elle continue de séduire les jeunes filles avec ses nombreux accessoires, ses vêtements cousus main et ses meubles miniatures.
- Les trains électriques à l’échelle HO, reproduisant des modèles célèbres comme le Mistral ou le Capitole, avec une attention particulière portée à la robustesse, à la simplicité d’utilisation et au réalisme des décors.
- Les coffrets scientifiques tels que « Le petit chimiste » ou « Le jeune radio », qui permettent aux enfants de découvrir les sciences de manière ludique et responsable, tout en suscitant des vocations futures.
Joustra : la mécanique au cœur du jeu
Joustra, contraction de « JOUet de STRAsbourg », est un fabricant renommé pour ses jouets mécaniques et électriques. En 1967, la marque propose :
- Des voitures et camions en tôle emboutie, dotés de mécanismes à friction ou à clef, peints à la main et souvent décorés avec des logos de marques connues.
- Des circuits automobiles, comme le « Rallye de Monte-Carlo », avec des voitures fidèlement reproduites, des virages relevés, et des pistes modulables permettant une infinité de combinaisons.
- Des jouets éducatifs, tels que des coffrets de chimie, de mécanique ou d’électricité, qui encouragent la curiosité scientifique des jeunes et les initient aux rudiments de l’ingénierie.
CIJ : la miniature de qualité
La Compagnie Industrielle du Jouet (CIJ) est célèbre pour ses miniatures automobiles en zamak ou en tôle lithographiée. En 1967, la marque propose :
- Des reproductions fidèles de véhicules français, comme la Renault Dauphine, la Citroën DS ou encore la Peugeot 203, appréciées pour leur qualité de fabrication et leur souci du détail.
- Des camions et utilitaires, décorés aux couleurs de grandes marques comme Shell, Saviem ou Michelin, qui permettent aux enfants de recréer des scènes de la vie quotidienne avec un réalisme saisissant.
Les métiers et la culture en 1967
Le monde du travail : stabilité et mutations
En 1967, le plein emploi est une réalité pour une grande partie de la population active. Les secteurs industriels, tels que l’automobile, la sidérurgie, le textile ou la chimie, offrent de nombreuses opportunités d’emploi. Le travail ouvrier reste dominant dans les régions industrielles, comme le Nord, la Lorraine ou la vallée du Rhône. Cependant, des signes de mutation apparaissent, avec l’automatisation croissante des tâches, la mécanisation des chaînes de production et l’émergence de nouveaux métiers liés aux technologies de l’information, encore balbutiantes.
Les conditions de travail restent souvent difficiles : horaires longs, gestes répétitifs, faibles protections. Les syndicats sont très actifs, revendiquant de meilleures conditions, des augmentations salariales, et une reconnaissance sociale. Les premières tensions sociales apparaissent, préludant les mouvements de contestation à venir. Par exemple, la grève des cheminots en décembre 1967 illustre le malaise croissant dans les services publics. L’éducation, aussi, est en effervescence : le nombre croissant d’étudiants provoque une saturation des universités, et l’inadéquation entre formation et emploi devient un sujet brûlant.
FAQ : L’année 1967 en questions
Quels sont les événements marquants de 1967 en France ? 1967 voit la victoire de Georges Pompidou aux élections législatives, la première greffe cardiaque au monde (en Afrique du Sud), le lancement d’Antenne 2, et la multiplication des mouvements sociaux dans différents secteurs.
Quels jouets ont marqué les enfants en 1967 ? Des jouets comme Mily, les circuits électriques Meccano, les coffrets scientifiques ou les miniatures CIJ sont emblématiques de cette période.
Comment vivaient les familles françaises en 1967 ? Le quotidien était structuré autour de la cellule familiale, des repas faits maison, de la télévision en noir et blanc, d’une certaine discipline parentale, et de loisirs simples mais conviviaux.
Quelles voitures étaient populaires ? Les modèles stars étaient la Citroën DS, la Peugeot 404 et la Renault 4L. Des véhicules devenus iconiques, souvent utilisés pour partir en vacances sur la Nationale 7.
Y avait-il des signes annonciateurs de Mai 68 ? Oui, des tensions sociales croissantes, des grèves comme celle des cheminots en décembre 1967, une jeunesse en quête de liberté, et un système éducatif sous pression annonçaient déjà les événements à venir.