Plongeons ensemble au cœur d’une décennie de contrastes, de folie douce et d’audace créative. Les années 70 ont balayé les conventions avec une énergie folle, et nulle part ailleurs cette révolution ne fut plus visible que dans la mode. Parmi les pièces emblématiques, le blazer à carreaux des années 70 trône en maître. Loin d’être un simple vêtement, il raconte une histoire de libération sociale, d’affirmation de soi et d’une élégance réinventée. Cet article explore l’ascension de cette pièce iconique, de ses origines à son statut de trésor vintage aujourd’hui. Il vous guidera pour comprendre son âme, le chiner et l’adopter sans jamais passer inaperçu.
Une décennie de bouleversements qui redessine la mode
Pour comprendre la popularité du blazer à carreaux, il faut respirer l’air des années 70. La société française et occidentale sort du tumulte de mai 68. Une soif de liberté individuelle et de rejet des codes bourgeois rigides infuse toutes les strates de la culture. La mode devient un terrain de jeu, un moyen d’expression personnel. Le prêt-à-porter explose, rendant le style accessible à tous et non plus seulement à une élite fréquentant les maisons de haute couture.
Dans ce contexte, le vestiaire masculin et féminin se transforme radicalement. On ose les couleurs, les matières synthétiques comme le polyester, et les coupes improbables. Le blazer, jusque-là cantonné au costume formel et un peu austère, est arraché à son univers traditionnel. Des créateurs audacieux s’en emparent pour le métamorphoser. Ils en font une pièce forte, polyvalente, capable de passer du bureau à une soirée endiablée au son du disco. Les carreaux, autrefois sages, s’agrandissent et prennent des teintes psychédéliques.
Anatomie d’une pièce de caractère
Reconnaître un authentique blazer des années 70 est un plaisir pour l’œil averti. Plusieurs détails ne trompent pas et signent son appartenance à cette époque flamboyante.
Des revers à la largeur démesurée
Le premier indice, le plus évident, est la taille des revers. Oubliez les cols fins et discrets. La mode seventies aimait voir grand. Le col « pelle à tarte » est l’emblème de cette tendance. Ses pointes larges, presque agressives, descendent très bas sur le torse. Cette largeur affirmait une confiance en soi et une rupture avec la silhouette étriquée des années 60.
Une coupe cintrée mais confortable
Le blazer des années 70 épouse les formes sans les contraindre. La coupe est souvent cintrée à la taille, pour les hommes comme pour les femmes, afin de créer une silhouette en V. Cependant, il conserve une certaine aisance, notamment grâce à des épaulettes naissantes qui commencent à structurer la carrure, annonçant la démesure des années 80. La longueur est aussi notable, descendant souvent généreusement sur les hanches.
L’explosion des motifs et des couleurs
C’est ici que réside toute la magie. Les carreaux se déchaînent. Le classique Prince de Galles se voit réinterprété dans des camaïeux de marron, de beige et d’orange brûlé. Le pied-de-poule s’agrandit, le tartan écossais quitte ses racines traditionnelles pour des associations de couleurs électriques. La palette chromatique est résolument terrestre et chaude : vert olive, jaune moutarde, bordeaux, rouille… Ces teintes, aujourd’hui quintessence du vintage, évoquent immédiatement les intérieurs et le design de l’époque.
Le triomphe du polyester et du tweed
Les matières racontent aussi une histoire. Le polyester est le roi incontesté de la décennie. Facile d’entretien, peu cher à produire et permettant toutes les audaces de couleurs, il se retrouve partout. Un authentique blazer seventies aura souvent ce toucher synthétique si particulier. À ses côtés, des matières plus nobles persistent. Le tweed, avec son aspect texturé et son héritage britannique, reste une valeur sûre pour un look d’intellectuel ou de dandy rural. La flanelle de laine et le velours côtelé complètent ce panorama textile, ajoutant une touche de douceur et de confort.
Un manifeste culturel porté par des icônes
Le blazer à carreaux n’est pas devenu une star par hasard. Il a été adopté et magnifié par les figures les plus influentes de la décennie, au cinéma comme dans la musique. En France, des acteurs comme Jean-Paul Belmondo ou Jacques Dutronc l’arborent avec une décontraction et un charisme inégalables. Il incarne une nouvelle masculinité, plus libre, plus séductrice et moins engoncée dans les traditions.
Outre-Atlantique, Robert Redford dans Les Trois Jours du Condor (1975) lui confère une aura d’intellectuel baroudeur. Il devient le symbole d’une élégance qui n’a pas besoin d’être stricte pour être sérieuse. Cependant, c’est peut-être dans le vestiaire féminin que son adoption fut la plus révolutionnaire. En 1977, Diane Keaton dans Annie Hall de Woody Allen, fait du look androgyne sa signature. Son blazer large, porté avec une cravate et un pantalon d’homme, devient un manifeste féministe. Les femmes s’approprient cette pièce du pouvoir masculin pour affirmer leur égalité et leur indépendance.
La musique n’est pas en reste. De David Bowie, en pleine période glam rock, à Bryan Ferry, le leader de Roxy Music, les artistes l’utilisent pour brouiller les pistes entre les genres et créer des personnages de scène inoubliables.
comment dénicher un blazer à carreaux années 70 ?
Aujourd’hui, chiner un blazer à carreaux des années 70 est une véritable chasse au trésor. Voici quelques conseils pour trouver la pièce parfaite et vous assurer de son authenticité.
- Où chercher ? Les friperies, les dépôts-ventes et les marchés aux puces sont vos meilleurs alliés. Fouillez sans relâche les portants, car les plus belles pièces sont souvent cachées. En ligne, des plateformes comme Etsy, Vinted ou des e-shops spécialisés dans le vintage proposent de belles sélections, souvent déjà triées.
- Examinez l’étiquette L’étiquette de la marque et de composition est une mine d’or. Recherchez des marques d’époque (Vestra, Bidermann, Célio à ses débuts en France). La mention « Made in France » est un excellent signe. La composition « 100% polyester » ou « Tergal » est également un marqueur temporel quasi certain.
- Scrutez les détails Les boutons sont un bon indicateur. Ils sont souvent en plastique, assez grands, parfois avec des motifs imitation cuir ou bois. La doublure intérieure, souvent en satin synthétique coloré (parfois même avec des motifs), est aussi une signature de l’époque. Enfin, vérifiez la qualité des coutures et l’état général du tissu. Méfiez-vous des trous de mites sur la laine et des taches incrustées.
- L’entretenir avec soin Une fois votre trésor acquis, il mérite d’être choyé. Pour un blazer en polyester, un lavage délicat en machine peut être envisageable, mais le nettoyage à sec reste l’option la plus sûre, surtout pour la laine et le tweed. Pour le défroisser, utilisez un défroisseur vapeur plutôt qu’un fer à repasser trop chaud qui pourrait lustrer ou endommager les fibres synthétiques.
L’art de porter le blazer seventies aujourd’hui
Intégrer une pièce aussi forte dans une garde-robe contemporaine est un jeu de style passionnant. L’objectif est d’évoquer l’époque sans tomber dans le déguisement.
- La version décontractée chic : Associez votre blazer à des basiques modernes. Un jean brut bien coupé, un simple t-shirt blanc de qualité et une paire de baskets en cuir créent un contraste parfait. Le blazer devient la pièce maîtresse qui rehausse l’ensemble.
- L’hommage à l’élégance intellectuelle : Portez-le sur un col roulé noir ou écru, avec un pantalon chino ou un pantalon en flanelle. C’est un look intemporel qui fonctionne à merveille en automne et en hiver.
- Au féminin, jouer sur les volumes : Pour les femmes, le blazer peut être porté ceinturé à la taille par-dessus une robe simple pour féminiser la silhouette. Il est aussi parfait jeté sur les épaules avec un caraco en soie et un pantalon taille haute.
Le secret est l’équilibre. Une seule pièce vintage forte suffit. Le reste de la tenue doit être plus sobre et contemporain pour créer un dialogue stylistique entre hier et aujourd’hui.
FAQ : Tout savoir sur le blazer à carreaux des années 70
Q1 : Comment être sûr qu’un blazer date bien des années 70 et n’est pas une reproduction récente ? Regardez les trois « indices » clés : la largeur extrême des revers (le fameux col pelle à tarte), la matière (un polyester épais est souvent un bon signe) et l’étiquette de la marque, dont le graphisme est souvent très typé. Les reproductions modernes, même d’inspiration vintage, ont rarement des revers aussi larges et utilisent des tissus plus actuels.
Q2 : Le blazer à carreaux des années 70 est-il une pièce exclusivement masculine ? Absolument pas ! Bien qu’issu du vestiaire masculin, il a été massivement adopté par les femmes dès les années 70 comme un symbole d’émancipation. Aujourd’hui, on le considère comme une pièce parfaitement unisexe, sa coupe « oversize » étant très tendance dans la mode féminine.
Q3 : Quelles chaussures porter avec ce type de blazer pour un look moderne ? Pour éviter un look trop daté, évitez les chaussures à plateforme massives de l’époque. Préférez des mocassins en cuir, des bottines Chelsea, une paire de derbies ou même des baskets blanches épurées pour un contraste stylé et confortable.
Q4 : J’ai trouvé un blazer magnifique mais l’odeur de renfermé persiste. Que faire ? C’est un problème courant avec le vintage. Aérez-le à l’extérieur pendant un ou deux jours, à l’abri du soleil direct. Vous pouvez aussi utiliser un défroisseur vapeur, la vapeur aidant à tuer les bactéries responsables des odeurs. En dernier recours, un passage chez un bon pressing est la solution la plus efficace.
